La famille Micolon

Accueil  Nouvelles  Télécharger  Liens 
La "fabrique" de Soierie Lyonnaise

La « fabrique » de soierie lyonnaise et les métiers liés au tissage

C’est une vieille organisation de type corporatif, née sous l’Ancien Régime, avec ses nombreux règlements dont les plus importants sont ceux de 1554, 1665 (Colbert) et 1744, destinés à normaliser et garantir la qualité des tissus de soie, mais aussi à préserver la mainmise d’une riche bourgeoisie urbaine, sur une population, dont on craint les révoltes. Cette fabrique, comporte trois éléments :

Les négociants

Les négociants, ou “Marchands-Fabricants”, entre 400 et 1000 entrepreneurs, qui font venir la soie, la font préparer (moulinage, teinture et ourdissage), ainsi que les dessins des tissus, qu’ils se chargeront d’écouler, mais ils ne “fabriquent” pas : ils donnent ce travail à façon, selon un tarif qu’ils déterminent seuls le plus souvent. La majeure partie est installée au pied de la Croix-Rousse dans le quartier des Terreaux.

Les chefs d’ateliers ou maîtres-ouvriers

Au nombre d’environ 8000, dont la moitié à la Croix-Rousse, au sommet de l’activité au milieu du XIXème siècle. Propriétaires des métiers installés dans leurs domiciles, ils travaillent et font travailler leur famille, des apprentis et compagnons, mais dépendent du “tarif”, que leur octroient les négociants et de la conjoncture économique variable dans ce domaine de la fabrication de produits de luxe.

Les compagnons ou ouvriers

Au nombre de 40.000, environ, embauchés, souvent logés et nourris par le chef d’atelier et payés eux-aussi aux pièces (environ la moitié du “tarif”). Ils ont le plus souvent des conditions de travail et d’existence très rudes.

Rapide historique sur les évolutions de la « Fabrique » lyonnaise

Au début du XVIIème siècle, la Fabrique compte moins de 1 000 maîtres-tisserands, qui possèdent en tout moins de 2 000 métiers à tisser et regroupe moins de 3 000 personnes. Sous Henri IV, l'industrie de la soie à Lyon connait deux évolutions importantes.
La première est l'introduction par Claude Dangon du métier à la grande tire, importé d'Italie, permettant de tisser des façonnés. Cet apport lui permet de jouir d'un privilège de cinq ans sur l'utilisation de sa machine, et en 1607, le roi lui accorde le titre de « Maître ouvrier du Roy » et un don de 6 000 livres. L'arrivée de cette mécanique permet à Lyon de soutenir la comparaison avec Paris et Tours, et de rejoindre le niveau des productions des cités italiennes. À cette époque, les cités du nord et du centre de l'Italie dominent la soierie européenne à la fois par la qualité et la quantité de leur production. Elles imposent au continent leur style, recherché par toutes les élites. La qualité de la soie lyonnaise augmente encore grâce à l'introduction dans la ville du lustrage de la soie par Octavio Mey en 1655.
La deuxième évolution est l'apparition d'un règlement régissant la profession. Jusqu'à cette époque, les maîtres tisseurs étaient libres de s'organiser comme bon leur semble. En 1596, l'apprentissage est fixé à cinq ans, suivi d'une période de compagnonnage de deux ans. Le maître ne peut avoir que deux apprentis et a interdiction de faire tisser des personnes hors de sa famille, pour par exemple des travaux annexes tel le montage des chaînes et trames.

Les améliorations techniques

Durant le XVIIIème siècle de nombreuses innovations sont appliquées au métier à tisser dans le but de faciliter le travail du tisserand, faisant apparaître de nouveaux types de tissage. Ces recherches et mises au point relèvent d'une logique marchande, et sont promues par le milieu du négoce. Les marchands-fabricants instaurent « une gestion publique de l'innovation, fondée sur la négociation partagée de l'utilité technique et la diffusion rapide des techniques nouvelles par un investissement financier, municipal et communautaire ». En ce sens, la corporation, loin d'être passéiste, favorise au contraire l'innovation technique.
Durant ce siècle, les lyonnais adressent à l'administration royale du commerce 229 demandes de brevet d'invention concernant le textile, dont 116 destinées uniquement à l'amélioration du métier à tisser. Ce sont le plus souvent les tisserands qui procèdent à ces études, destinées à améliorer toutes les opérations longues et délicates permettant la réalisation des motifs. Sur les 170 inventeurs qui sollicitent les autorités pour valider une technique, seuls 12 sont des grands marchands. Des dessinateurs sont également inventeurs, alliant la recherche stylistique à la recherche technique pour mettre au point de nouveaux tissus. Ainsi, Jean Revel crée dans les années 1730 le point « rentré » ou « berclé », qui permet la création de demi-teintes. Le rendu de relief dans le tissu et les nuances de couleur obtenues sont inconnus à cette époque. Cette innovation est immédiatement reprise et imitée au Royaume-Uni.
Au début du siècle, des systèmes pour faciliter la lecture des dessins et le choix des fils de chaîne concernés par le passage de la navette sont mis au point. Il s'agit du métier Basile Bouchon, exploité à partir de 1725. Un collègue de Bouchon, Jean-Baptiste Falcon, invente le système de cartes perforées portées par un prisme, qui permet de diffuser bien plus vite les motifs complexes d'un atelier à un autre. Cette période est également celle qui voit une première tentative de mécanisation des métiers à tisser, grâce à Jacques de Vaucanson, dans les années 1740. Cette tentative, rejetée par les ouvriers de la Fabrique, tourne cependant court. Chacune de ces innovations, pas toujours au point techniquement, ne sont pas toujours adoptées par la Fabrique, mais font partie de l'amélioration continue de la performance des métiers à tisser.

La crise révolutionnaire

Lyon entre dans la période révolutionnaire en crise. Les années 1787-1788 sont difficiles pour l'industrie soyeuse, la production étant globalement divisée par deux.
En 1789, lors de la préparation des États généraux, le vote des députés révèle la coupure irrémédiable entre les tisserands et les marchands. Aucun représentant de ces derniers n'est élu, seuls des maîtres-ouvriers se rendent aux États généraux. Dans les cahiers de doléances, ils expriment leur volonté d'une organisation plus juste, désignant les maîtres-marchands comme étant les responsables de leur misère.
Les tisserands obtiennent un tarif officiel en novembre 1789, et décident de se séparer des marchands en créant une communauté distincte à la Cathédrale Saint-Jean le 3 mai 1790. Ils fondent également de grands espoirs dans la loi du 16 juin 1791 qui supprime les corporations et leurs privilèges. En parallèle, les autorités tentent de protéger les soies françaises en établissant des droits de douanes.
Toutefois, avec l'exode d'une partie de la noblesse, la Fabrique perd logiquement une grande partie de sa clientèle. La crise s'installe avec l'inflation et la guerre, qui entrave le commerce. Les riches tissus façonnés sont remplacés par des tissus plus simples, unis, décorés de broderies. Le siège de Lyon en 1793 cause un exode terrible, qui obère largement les possibilités de production de la soierie lyonnaise ; d'environ 150 000 habitants, Lyon passe à 102 000 en 1794, et toujours 88 000 en 1800. La répression qui s'en suivit cause la mort de 115 des 400 entrepreneurs en soierie que compte la ville. En 1793, l'école royale des beaux-arts est supprimée.
Entre 1794 et 1799, le monde des marchands-fabricants se reconstitue grâce à l'arrivée de maisons qui travaillent dans d'autres villes françaises. Dès 1794, de Nîmes et d'Anduze arrivent les soyeux Laguelline, Ourson et Benoit. À la fin de la même année, Guérin s'installe, venant de Saint-Chamond.
Durant ces années difficiles, pour faire face au manque de main d'œuvre, les innovations techniques sont soutenues par l'État au travers de concours et la fondation d'écoles. En particulier, l'école de dessin est recrée en 1795 sous l'appellation d'« école de dessin de la fleur ». Les soyeux lyonnais vont chercher des idées auprès des ingénieurs anglais, au sein de la production de tissu en coton et cet élan participe de l'effort de mécanisation de l'outil de production qui aboutit au début du XIXème siècle à la mécanique Jacquard

Organisation de la Fabrique

L'élaboration d'un tissu au sein de la Fabrique est une activité très fragmentée. Ainsi, il est rare que les maisons de marchands-fabricants aient des employés tisserands. Ce sont la plupart du temps des donneurs d'ordre qui font travailler des fabricants-façonniers, des chefs d'atelier. De même, nombreux sont les marchands-fabricants à ne pas vendre directement leurs tissus au client final. Ils passent la plupart du temps par des commissionnaires chargés de placer leurs productions dans toutes les villes du monde.

La production

Sous une élite très resserrée, une masse importante d'ouvriers peuplent la Fabrique, qui est « sous la monarchie de Juillet, peut-être la plus forte concentration européenne d'ouvriers employés dans une seule industrie ». Contrairement à la plupart des autres types d'industries, la soierie lyonnaise reste artisanale très longtemps. Le premier métier mécanique n'est installé qu'en 1843, et on n'en dénombre que 7 000 en 1875. En 1866, il y a 30 000 métiers à tisser à Lyon et 95 000 dans les campagnes environnantes.
Au début du siècle, la production est concentrée en ville, et plus particulièrement sur la colline de la Croix-Rousse, qui est alors une commune indépendante, qui a donc l'avantage d'être exonérée de l'octroi, jusqu'à son rattachement à Lyon en 1851. Puis, la Fabrique disperse les lieux de fabrication dans le Lyonnais, le Beaujolais, allant jusqu'en Dauphiné, dans le Bugey et la Savoie. C'est au début du siècle que naît le terme de « canut » pour désigner les tisseurs de soie lyonnais.
Comme les siècles précédents, la production est effectuée par des artisans indépendants, rétribués à la pièce et dont les relations avec les donneurs d'ordre sont régulièrement tendues. À deux reprises en 1831 et 1834, ceux-ci se soulèvent pour tenter d'imposer un tarif minimum de fabrication, sans succès. Ces révoltes qui ne perturbent pas significativement la prospérité générale permettent aux tisseurs de voir leur niveau de vie progressivement s'améliorer.
Sous le Second Empire, le conseil des prud'hommes, de par la volonté de la chambre de commerce, commence à rassembler des collections d'échantillons de tissus. Elles sont autant destinées à assurer à chacun de la propriété d'un motif que pour nourrir les idées des dessinateurs et des fabricants

Les grandes maisons de la soie lyonnaise

Les grands noms de la soierie lyonnaise sont, au XIXème siècle : Arlès Dufour (marchand de soies et banquier), Baboin (spécialisé dans la tulle de soie), Bellon et Couty (fabricants dont la société est la plus importante de Lyon à la fin du Second Empire), Bonnet (spécialisé dans les unis noirs et promoteur des usines-pensionnats), Dognin et Isaac (fabricants de tulle de soie), Falsan, Gindre (fabricant de satins et taffetas), Giraudac, Girodonac, Gourdac, Grand frères (repris ensuite par Tassinari & Chatel en 1870), Guerin (marchand de soie et banquier, héritier d'une famille remontant au XVIIème siècle), Martin (fabricant de velours et peluche), Monterrad (fabricants de façonnés), Montessuy & Chomer (fabricants de crêpe de soie), Payenac, Pignatel (marchand de soie), Riboudac, Testenoire. À leur côtés se trouvent les maisons de teinture comme les Gillet (spécialiste des teintes en noir), les Guinon (plus grand teinturier de Lyon) et les Renard (fondateur de la fuchsine) ; mais aussi les familles de filateurs. En 1866, il existe 122 marchands en soie, 354 négociants-fabricants, 84 teinturiers, et une multitude de petites entreprises travaillant autour de l'industrie soyeuse (liseurs de carte, peigniers, fabricants de navette, dégraisseurs, apprêteurs, etc.).
Le monde des entrepreneurs en soie s'élargit régulièrement avec l'expansion de l'activité, pour doubler durant les cinquante premières années du siècle. Par la suite, le nombre des soyeux stagne, aux alentours de 350 à 400 marchands-fabricants. Cela signifie qu'en moyenne, la richesse de chacun s'accroit. Dans le même temps, une certaine concentration a lieu, mettant entre les mains d'une élite l'essentiel des moyens de production. En 1855, les treize principales entreprises fournissent 43 % de la soie tissée dans le lyonnais. Cette proportion passe à 57 % en 1867. Ces maisons les plus puissantes ont les fonds pour investir dans des machines mécaniques, standardisant les produits réalisés. Ce sont souvent elles qui intègrent en leur sein des entreprises annexes très nombreuses : fabricant de machines à gaufrer, d'apprêt, atelier de teinture (avec les premières teintures chimiques), etc. L'étude des successions permet de confirmer ce tableau, montrant que le monde du négoce se fond progressivement dans celui de l'industrie, et que les investissements croisés permettent à cette élite de voir son patrimoine croître considérablement. Ce monde des soyeux est géographiquement très concentré, principalement au bas des pentes de la Croix-Rousse, dans les quartiers Tolozan et Croix-Paquet

Réussite économique du secteur de la soie

Ci-contre, une « mécanique Jacquard », outil de la prospérité lyonnaise.

Durant les deux premiers tiers du XIXème siècle, la production de soie tire la richesse de la cité rhodanienne, avec des taux de croissance annuelle de 4 % environ, alors que la moyenne française est de 1,5 %. La valeur des ventes à l'étranger est de 60 millions de francs en 1832, et s'accroit considérablement pour s'établir à 454 millions de francs en 1860. Cette hausse est, comme les siècles passés, très discontinue, avec des périodes de presse et des mortes saisons ; elle n'est toutefois pas réellement touchée par les deux révoltes des canuts. Angleraud et Pellissier estiment même que la Révolution française, malgré les destructions, n'a été « qu'une simple péripétie dans la longue croissance de la Fabrique lyonnaise ».
La Révolution industrielle pénètre peu la Fabrique, qui reste une économie à fort coût de main d'œuvre, aisément supporté par la haute valeur du produit fini. C'est ainsi que le nombre de métier passe de 18 000 en 1815 à 37 000 vers 1830 et 105 000 en 1876. Cette croissance oblige les donneurs d'ordre à en installer non plus en ville, qui est saturée, mais dans les faubourgs et les campagnes environnantes. Les succès économiques de ce secteur permettent aux travailleurs de la soie de sortir progressivement de la misère et, pour les plus qualifiés d'entre eux, de s'embourgeoiser. Le tournant de cette évolution a lieu durant le Second Empire, apogée de la prospérité de la Fabrique

Les années 1880 : Premier déclin

Les années fastes perdurent jusqu'en 1875-1876, puis la tendance se retourne lourdement. Au tournant des années 1880, les années de crise se succèdent. L'industrie soyeuse lyonnaise est frappée en premier lieu par la contraction générale de l'économie française et européenne. Mais cet évènement conjoncturel n'explique que partiellement les difficultés du secteur. S'ajoute le fait que la mode renonce définitivement aux soies pures et alambiquées, se tournant vers des tissus mélangés, les crêpes, les gazes, les mousselines, etc. L'essor des tissus où la soie est mélangée à d'autres matières (coton, laine) est fondamental et définitif, pour des raisons de prix de revient. D'autres tissus de qualité encore moindre s'imposent grâce à leur prix bien inférieur, tels la soie tussor élaborée avec le ver à soie tussah asiatique, ou la schappe.
Dans le même temps, la concurrence devient plus rude, dans un contexte de protectionnisme douanier. Les industries textiles de toute l'Europe, souvent plus récentes, s'adaptent très rapidement aux exigences du marché, et même les soies américaines, japonaises et chinoises entrent en concurrence avec les lyonnaises. Cette difficulté à faire face à cette mondialisation se retrouve dans les réseaux d'approvisionnements. Si la crise des années 1850 a été surmontée, c'est grâce à des investissements en Italie et dans le Levant. Mais les lyonnais sont très peu présents en Asie, les quelques tentatives dont l'initiative Pila sont des exceptions.
Dès les années 1890, les soyeux lyonnais s'efforcent de répondre à cette nouvelle situation.

Le tournant de la Belle époque : Tentative d'adaptation

Réactif, les soyeux lyonnais parviennent à répondre à la crise à la Belle époque en s'adaptant lourdement. Les maisons les plus dynamiques produisent de nouveaux tissus, s'engagent dans la mécanisation et tissent d'autres matières. Après la première guerre mondiale, qui arrête presque toute la production, la Fabrique semble reprendre les voies du succès mais la crise de 1929 porte un coup fatal au tissage de la soie à Lyon.

De nouveaux tissus

Les fabricants se tournent résolument vers les nouveaux tissus et retrouvent une place prédominante dans le commerce mondial des matières précieuses jusqu'aux années 1930. Ces tissus sont soit des fils de soie mélangés avec d'autres matières (laine, coton) ou des soies de moindres qualités. Les fabricants n'hésitent ainsi pas à employer les matières de leurs concurrents pour leur ôter tout avantage compétitif.
Dans le même mouvement, la Fabrique se tourne vers les matières entièrement synthétiques. Plusieurs fabricants soyeux fondent ainsi en 1904 la « Société lyonnaise de la soie artificielle », même si la Fabrique rechigne à se tourner résolument vers ce type de matières jugées moins nobles avant la première guerre mondiale. Les réussites commerciales de l'industrie textile lyonnaise des années 1920 sont dues en grande partie à la rayonne et à la fibranne. De fait, les maisons n'utilisant que de la soie naturelle enregistrent un important recul ; tandis que l'industrie textile lyonnaise en général parvient à se maintenir.

La mécanisation

Les industriels entament une mécanisation intense de leurs outils de production. Le nombre de métiers mécaniques passent ainsi de 5 000 en 1871 à 25 000 en 1894 et 42 500 en 1914. La soie pure étant fragile, elle n'est pas adaptée à une mécanisation lourde. Mais l'essor des fils mélangés ou de moindres qualités lève le problème et nombreux sont les grands soyeux à se tourner vers ce moyen de production pour réduire les coûts, telle la maison Bonnet. Cet essor ne signifie pas la mort immédiate des métiers à bras, mais leur nombre diminue rapidement. Ils sont 115 000 en 1873, encore 56 000 en 1900 et plus que 17 300 en 1914.
Cette évolution touche surtout les métiers à tisser intra-muros. Les métiers à bras lyonnais ne sont ainsi pas remplacés sur place, mais dans les régions limitrophes, surtout en Isère, vers Voiron, la Tour-du-Pin ou Bourgoin. Certaines sociétés ferment même leurs commandes aux métiers lyonnais pour créer des filatures à l'étranger. Ainsi, la maison Payen ouvre et agrandit plusieurs fois des usines de filature en Italie. De même, la maison Guérin investit en Italie, avant de racheter en 1900 les filatures de Mont-Liban à Palluat, Testenoire et Cie.
Avant la Première Guerre mondiale, la mécanisation ne touche toutefois que les soies de qualités basses et moyennes, et non les soieries riches et moins encore les façonnés. La fragilité des plus belles fibres et les difficultés pour mécaniser un métier Jacquard reproduisant des motifs complexes ne rendent pas à cette époque rentable leur mécanisation.

La Guimperie

La guimperie est l’opération qui consiste à enrouler autour d’un fil dit "l’âme" un fil métallique d’or ou d’argent préalablement aplati : la "lame". On obtient ainsi un filé ou une laminette. On peut créer des effets en faisant varier la tension des fils ou en inversant le sens de l’enroulement : c’est "l’adroit" et le "rebours", nécessaires pour réaliser des cordons, utilisés en ameublement. Les filés sont utilisés pour le tissage, surtout en passementerie.

Le montage

Le « montage » du métier caractérise le rendu du tissu. Chaque fil de chaîne est relié à une aiguille qui va le soulever ou le laisser en place au moment du passage de la navette. Le « montage » le plus simple est celui qui permet de réaliser un « taffetas » : un fil levé, un fil baissé, et ainsi de suite sur toute la largeur… Il existe une infinité de montages permettant de lever un fil sur 4, deux fils sur 5, un fil sur 2 suivi de 2 fils sur 5, etc. Le « montage » coûte très cher : dans les années 60 on parlait d’environ 200 000 francs de l’époque pour réaliser un montage nouveau. Pour cette raison, de nombreux fabricants conservaient dans leurs ateliers des mécaniques déjà montées mais dont ils n’avaient pas d’utilité immédiate pour n’avoir pas à repayer un montage. D’autres rachetaient des mécaniques lors de fermetures d’ateliers pour conserver des montages dont ils ne disposaient pas dans leurs propres ateliers.

La mise en carte

La mise en carte, c´est la fabrication des cartons qui serviront au tissage sur métier. L'échantillon à fabriquer est analysé au compte-fil. Il s'agit de déterminer le nombre de branches qu'il y a dans la chaîne, en étudier le dessin et les fonds de lisière. On repère les coups de trame le long du galon, et on dessine un diagramme sur du papier millimétré, en noircissant les carreaux qui correspondent à des trous dans le carton qui commande la prise (la levée) du fil de chaîne dans le tissage. Les carreaux restés blancs correspondent aux fils qui ne travaillent pas.
Chaque ligne correspond à un carton. Le premier carreau de la 1ère ligne correspond à la 1ère corde sur la droite (108 fils par ligne).
A partir du diagramme, le carton est perforé avec un emporte-pièce ou un piano mécanique. Les cartons sont ensuite enliassés en continu. Ils seront installés sur la machine, sur une lanterne et un cylindre, qui par une série de bras et d'articulations, prendront les lisses ou les laisseront.


Date de création : 12/02/2021 16:12
Dernière modification : 12/02/2021 16:12
Catégorie : Origines des métiers familiaux
Page lue 475 fois
Haut
© 2004-2024

Document généré en 0.02 seconde